Découvrez le témoignage de Rémi Dauphin, Directeur du PLAB Grand Est

Photo portrait RD opt

Qui êtes-vous ?

Je suis originaire des Vosges, plus exactement de Saint-Dié. Passionné par les enjeux européens et l’action publique, je me suis spécialisé dans ce domaine et ai obtenu un master en droit de la construction européenne auprès du Centre Européen Universitaire. A mon arrivée sur le marché du travail, j’ai été confronté, comme bon nombre de jeunes, à la difficulté de décrocher un emploi dans mon secteur. Durant mes études, j’avais effectué des stages, ce qui m’a permis d’intégrer malgré tout, un cabinet d’avocats en qualité de juriste. Pour autant, je n’avais pas oublié mon envie de m’engager en politique et c’est ainsi que, rapidement, je suis devenu collaborateur parlementaire puis conseiller du Président de la Région Grand Est en charge des questions d’éducation et de formation.

J’aime les défis et après avoir passé près de 8 années en politique, j’avais envie de découvrir un autre univers tout en restant engagé au service de mon territoire. Intégrer le PLAB Grand Est m’offrait la possibilité de me mobiliser pour la valorisation d’un savoir-faire exceptionnel qui caractérise notre région et en faveur du développement de nos entreprises qui dynamisent nos territoires.


Comment est né le PLAB ?

 

Il est issu d’une volonté commune entre les pouvoirs publics et les professionnels lorrains de créer un réseau d’entreprises s’inscrivant dans l’esprit d’un syndicat patronal créé en 1924. Avec la création de la Région Grand Est en 2016 et en accord avec l’Ameublement français, le PLAB est devenu le PLAB Grand Est et regroupe désormais des établissements de l’ameublement, de l’aménagement et de la décoration de toute la région.


Quelles sont ses missions ?

Le rôle du PLAB Grand Est est triple :

  • Être un relai territorial pour l’Ameublement français
  • Accompagner ses adhérents dans leurs besoins en formation, en fonctionnement et en communication
  • Faciliter les prises d’initiatives en matière de développement et d’innovation


Concrètement cela s’incarne par des opérations de communication, par la valorisation des activités auprès de prospects, par des formations à la gestion d'entreprise, à l’utilisation de nouvelles machines mais aussi par une aide à la certification ou à la participation de salons. C’est très diversifié et c’est là toute la force d’un réseau, multiplier les possibilités d’actions des entreprises.

logo PLAB

Quels sont les atouts du meuble français ?

Ils sont multiples et dépendent de nombreux facteurs comme la nature des activités de nos entreprises. Si je devais sélectionner ceux qui sont les plus emblématiques et qui nous différencient d’autres pays, il y a bien sûr notre savoir-faire qui, il ne faut pas l’oublier, est séculaire. Son corollaire issu de l’expérience est bien évidemment la qualité de nos produits qui surpasse bon nombre de meubles qui nous viennent de l’étranger, notamment d’Asie. La traçabilité et le respect de normes sociales et environnementales constituent un troisième atout qui est également fondamental.
Alors oui ces atouts sont autant de faiblesses puisqu’ils conduisent à un prix plus élevé que celui proposé par la concurrence entraînant la fermeture de bon nombre de nos entreprises. Mais je crois que cette crise sanitaire et économique que nous sommes en train de traverser nous a fait prendre conscience collectivement des limites et dérives d’une mondialisation peu régulée qui favorise la concurrence déloyale.

Acheter européen, français, local doit être notre préoccupation principale, que nous soyons des particuliers, des acteurs économiques publics ou privés. Il faut assouplir les règles des marchés publics en faveur de nos entreprises. Les Etats-Unis, la Chine le font alors pourquoi pas nous ? La réciprocité me paraît équitable et devrait être la pierre angulaire de la régulation internationale. Il faut également marteler que nos meubles s’ils ont un coût supérieur, sont d’une meilleure « durabilité », que ce soit dans le sens environnemental du terme que temporel et sanitaire. C’est ce message que toute l’équipe du PLAB Grand Est porte et soutient.


Le PLAB a choisi de s’installer à Liffol-Le-Grand, expliquez-nous les particularités de cette ville ?

Cela s’explique par un lien avec l’histoire de cette commune de l’Ouest vosgien. Liffol vient du latin lucus fagus qui signifie littéralement bois de hêtre. C’est une région où le travail du bois a toujours été important. La légende veut que le rouet de Jeanne d’Arc – n’oublions pas que Liffol-le-Grand n’est qu’à quelques kilomètres de Domremy-la-Pucelle – ait été fabriqué à Liffol. A partir du XVIIème siècle plusieurs communautés religieuses se sont installées dans le secteur et il a bien fallu les meubler ! Au fil des siècles, l’activité s’est développée et de nombreux artisans se sont spécialisés dans la fabrication de chaises et bientôt, en 1867, une gare est construite, reliant ainsi la commune à Paris. Des échanges commerciaux se créent avec le fameux Faubourg Saint-Antoine. Certaines entreprises commencent ainsi à se « faire un nom », comme par exemple la Maison Henryot, et restent encore aujourd’hui situées à Liffol. Il était donc parfaitement logique que le PLAB Grand Est s’installe à Liffol-le-Grand, berceau du siège français. C’est aussi cette histoire qui a donné naissance à une Indication Géographique inédite, l’IG du siège de Liffol !


La France produit seulement 4% des sièges fabriqués en Europe. Quels sont les meilleurs débouchés du siège français aujourd’hui ?

Je pense qu’il ne faut pas raisonner en termes de débouchés mais d’opportunités. La différence entre ces deux notions est que l’une est restrictive alors que l’autre permet de ne s’imposer aucune contrainte, de s’adapter aux évolutions. La crise actuelle nous accule tous à repenser nos fonctionnements, changer nos raisonnements pour aborder nos contraintes différemment. La France est aujourd‘hui le 5ème producteur de meubles de l’UE, ex aequo avec l’Espagne. Cela revient à 6% des parts du marché européen. L’Allemagne, en concentre à elle-seule 21%. Je pense que nous pouvons faire aussi bien que nos voisins.